Leur dernière assemblée régulière respective a été mouvementée. Des citoyens mécontents ont fait du grabuge, les aspergeant de propos insultants voire diffamatoires, les traitant de malhonnêtes. Des incidents graves qui menacent finalement la démocratie qu’on veut vivre.
Bien sûr, la liberté d’expression existe aussi pour ces citoyens sceptiques, légitimée parce qu’ils inquiètent de diverses décisions. Ils veulent des réponses à leurs questions. Pas n’importe laquelle. Celle qu’ils désirent entendre plutôt que celle qui prévaut. Ce qui alimente leur insatisfaction sinon leur colère. Le ton monte, les accusations fusent, la médisance apparaît qui parfois s’apparente à du harcèlement ou à de l’intimidation aussi bien devant un micro que dans les réseaux sociaux. Civilité et respect sont mis à mal.
Les conseillers actuels ne sont pas les seuls à rencontrer de telles situations. Mais depuis quelques années, certains en ayant marre, ils quittent la vie publique en plein milieu de leur mandat. Au Québec, 800 élus sont partis au cours des deux dernières années, considérant que leur réputation personnelle était menacée et leur charge mentale trop lourde. Une perte sèche pour leur municipalité.
Car devant ces critiques acerbes, ils doivent demeurer calmes et ouverts comme le prescrit leur code d’éthique et de déontologie notamment en matière de respect et de civilité. Ce qui les force à garder le contrôle de leurs émotions face à des propos insultants.
Le conseil de ville est certes l’institution démocratique la plus proche du citoyen. Et les élus doivent créer un environnement sain et exempt de toute forme de manque de respect, d’incivilité, d’intimidation ou de harcèlement.
Plusieurs conseils municipaux ont dû récemment prendre les grands moyens pour rétablir les choses. Certains ont poursuivi leurs « agresseurs » ou imposé des amendes. D’autres ont réduit le temps consacré à la période de questions à une quinzaine de minutes. Souvent seule la répression semble faire effet. Car l’acharnement des citoyens va-t-en-guerre ne répond guère aux appels au calme et au respect. Pourtant la démocratie appartient à tous. Elle n’est pas l’apanage des citoyens. Tout peut se dire, mais il faut utiliser les bons mots et moyens pour y arriver.
Je ne peux croire que l’on ne trouvera pas un modus vivendi acceptable pour tous. Oui la patience des élus a ses limites. Ils pourraient à tout moment changer les règles de jeu comme d’autres municipalités l’ont fait. Elles disposent même d’un fonds de 2 M$ pour aller en justice si nécessaire. On n’en est pas là encore!
Heureusement le maire de Sorel-Tracy siège au nouveau comité de travail de l’UMQ sur la démocratie et le respect dans les échanges. À souhaiter qu’il y trouve de nouvelles approches!
Car le débat est essentiel pour assainir la démocratie. À la stricte condition que ceux qui y participent se concentrent sur les idées et décisions des politiciens et non sur le politicien lui-même, et ce, tant au micro que sur des pages Facebook. Les salles de conseil ne doivent pas devenir des champs de bataille!