22 mars 2022 - 08:20
De la rémunération des élus
Par: Louise Grégoire-Racicot

Depuis le début des années 80, Louise Grégoire-Racicot pose son regard sur la région comme journaliste à travers les pages du journal Les 2 Rives. Depuis février 2018, à titre de chroniqueuse, elle livre maintenant chaque semaine son opinion sur l'actualité régionale.

Les élus de Saint-Ours et de Saint-Roch-de-Richelieu, comparant leur rémunération à celle de pairs de municipalités de même taille, l’ont augmentée de 35 % à 45 %. Réactions.

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Oui, la fonction d’élu exige beaucoup – temps, réflexion, lecture de documents, analyse de situations, moult rencontres et prise de décisions parfois controversées, rencontres de comités et de multiples événements publics. Elle impose plus qu’une seule réunion mensuelle peu importe la taille de la municipalité. Car l’éventail des services municipaux s’élargit toujours.

Ils répondent aussi à des demandes de plus en plus complexes, sont interpellés partout et sur tous les tons – qu’ils soient à la mairie, à l’épicerie, à la maison ou sur les réseaux sociaux. Leurs commettants exigent des réponses rapides. Quelle rémunération méritent-ils vraiment pour cette tâche ingrate? Difficile à dire. Rappelons qu’elle est rattachée à la fonction d’élu et non à la personne qui l’exécute. Au conseiller du quartier #1, non à M. ou Mme Untel .

Chose certaine, on n’attend pas des élus qu’ils le fassent bénévolement, même si c’est un engagement personnel posé en faveur de la collectivité, car il porte son lot d’obligations et de règles prescrites, voire sa propre éthique. Légalement d’ailleurs, ils sont des travailleurs qui reçoivent aussi une allocation de dépenses imposable et cotisent à un fonds de pension. Ils n’ont pas à s’appauvrir pour servir leurs concitoyens!

Voilà qu’ils se retrouvent dans la position inconfortable de décréter eux-mêmes combien les élus qu’ils sont recevront pour remplir leur fonction. Ils sont en quelque sorte juges et parties! Une situation périlleuse! Car non régie par aucune convention, sans mesure de productivité ou d’évaluation pour la fixer. C’est l’élection qui sanctionnera, elle, leur efficacité.

Ainsi leur faut-il rémunérer la fonction pour ce qu’elle contribue au milieu. Être équitable avec les élus d’ailleurs. Donc aucune raison d’accepter par exemple qu’un élu de Saint-Ours soit moins payé, ou plus, que celui de Sainte-Victoire. Comparer avec des milieux de taille semblable et fixer la médiane comme objectif de rémunération paraît raisonnable.

Cependant, la façon dont ils décident de cette rémunération doit être bien expliquée. Et ce, bien avant la tenue de l’assemblée publique dont l’ordre du jour porte un point obscur « Rémunération des élus », sans plus. Il aurait été d’autant important d’agir ainsi cette année que les contribuables affrontent déjà une inflation croissante et galopante dont on ne sait quand elle ralentira.

Reste qu’il n’est pas approprié, sans égard aux montants concernés, de rattraper tout d’un coup l’écart noté entre les élus de diverses municipalités. Un augmentation de 10 % ajoutée à celle courante du coût de la vie – tant que le rattrapage ne sera pas complet – serait plus raisonnable et atténuerait les impacts sur les contribuables. Ainsi, ces écarts disparaitraient-ils en quelques années, soulageant les futurs conseils de cette patate chaude. Resterait à les indexer au coût de la vie.

Quel moment inopportun aussi pour un conseil de voter une telle augmentation dès le début de son mandat. Un seul conseiller l’a bien exprimé. Il n’a pas été entendu! Il aurait été plus décent d’attendre la fin du mandat pour le faire. Ce qui aurait permis à chaque conseiller de bien ajuster son tir et de se dégager de toute apparence d’appât du gain aux yeux de ses commettants les plus critiques.

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