13 décembre 2022 - 08:07
Le jour de la marmotte
Par: Louise Grégoire-Racicot

Depuis le début des années 80, Louise Grégoire-Racicot pose son regard sur la région comme journaliste à travers les pages du journal Les 2 Rives. Depuis février 2018, à titre de chroniqueuse, elle livre maintenant chaque semaine son opinion sur l'actualité régionale.

Quand on aime la région, on ne peut que déplorer les tensions qui affectent les relations de travail au cégep entre sa directrice générale, Stéphanie Desmarais, et les employés syndiqués.

Il suffit de se rappeler comment il y a une vingtaine d’années, le cégep a aussi traversé des moments aussi sombres de relations houleuses entre la directrice générale, Françoise Richer, et les officiers du syndicat des enseignants de l’époque. Une lutte à finir qui avait dégénéré, à coup de lettres d’avocat puis en poursuites judiciaires qui se sont heureusement terminées par une entente hors cour. Non sans laisser de traces sur les personnes concernées. Voilà des moments peu reluisants de la vie soreloise même si la région était fière de son cégep où former les citoyens voulant parfaire leurs connaissances et améliorer la qualité de sa main-d’œuvre.

Curieusement, Mme Richer, comme Mme Desmarais, avait rapidement déploré que Les 2 Rives ait publié l’affaire, l’accusant de nuire à la réputation du collège. Comme si un média était responsable des faits et gestes qui se déroulent dans les institutions publiques! Comme si les gens au cœur de ces imbroglios n’étaient pas responsables des gestes qu’ils posent. Comme si les citoyens et les étudiants ne devaient pas être au fait de ce qui se passe dans les murs de cette institution.

Mais le fond du problème se répète. Des employés sont insatisfaits de la façon dont la directrice générale reçoit leurs doléances. Non écoutés, sinon carrément ignorés, disent-ils. Ces employés qui, alertés par le départ de plusieurs pour diverses raisons, sont inquiets de l’avenir du cégep, des programmes qu’on compte y dispenser.

Voilà qu’ils ont exposé le dossier sur la place publique pour faire bouger les choses. Une tactique que des syndicats adoptent quand ils sentent que les discussions internes ne mènent à rien. C’est un moyen de défense généralement efficace à qui sait ne pas en abuser.

De son côté, Mme Desmarais répond à ces accusations. Elle fait ce qu’il faut pour défendre les intérêts du cégep et rappelle que son administration est fondée sur des valeurs collectivement partagées de bienveillance, respect et collaboration. Comme elle admet cependant que le collège rencontre des perturbations, de lourdes difficultés qui appellent à entamer un processus de diagnostic organisationnel. Ce que cela signifie? Personne ne l’a clairement défini.

Pourtant, vu de l’extérieur, le problème majeur semble en être un de communication 101 : je parle tu m’écoutes, tu parles je t’écoute. Ensemble, on identifie le problème, puis on travaille à le résoudre. Si c’est impossible, on ne laisse pas trainer la situation. On consulte ensemble. C’est cela travailler en équipe, en consensus, la seule façon de rallier son monde autour d’objectifs communs.

Aussi l’intervention du Regroupement des sept cégeps de la Montérégie est tout a fait inusitée, voire inopportune. Bien sûr, il appuie les propos de Mme Desmarais à l’effet qu’elle défend bien son collège. Mais en affirmant que les cégeps ne sont pas en compétition en diminue son impact. Car le financement ne repose-t-il pas en partie sur le nombre d’étudiants inscrits? Ce qui favorise nettement les cégeps sis dans des municipalités plus populeuses que Sorel-Tracy. D’où l’importance d’y dispenser des programmes accueillant plus d’étudiants. Au cégep, on doit éviter de revivre le jour de la marmotte!

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