3 mai 2022 - 08:56
Écoute électronique à l’hôtel de ville de Sorel-Tracy
Une situation qui aurait peut-être pu être gérée différemment, selon une spécialiste
Par: Jean-Philippe Morin

La professeure en gestion municipale à l’UQAM, Danielle Pilette. Photo gracieuseté/UQAM

Étant donné la nature politique du litige actuel à l’hôtel de ville de Sorel-Tracy, aurait-il été bénéfique pour le maire d’impliquer la direction régionale du ministère des Affaires municipales et de l’habitation (MAMH)? C’est la question que se pose la professeure en gestion municipale à l’UQAM, Danielle Pilette.

Sans vouloir entrer dans le vif du sujet étant donné les enquêtes de la Commission municipale du Québec et de la Sûreté du Québec en cours, Mme Pilette pose plusieurs questions. « Est-ce que les choses auraient pu être faites autrement? Pour le maire, vu la nature politique de l’affaire, qui devait-il impliquer? Assurément le directeur général, mais selon ce que je comprends, il n’était pas impliqué, mais aussi la direction régionale du MAMH. Pour de tels litiges, ils sont là pour ça. On n’en serait peut-être pas arrivés là », croit-elle.

Elle aurait aussi demandé un avis légal, que ce soit à l’interne ou à l’externe, sur la façon de procéder pour enquêter un employé. « Peut-être que ç’a été fait, je ne sais pas, mais disons que toute cette situation, ça suscite des questionnements », avance-t-elle.

Selon la professeure en gestion municipale, le devoir de loyauté est difficile à évaluer dans ce cas-ci. C’est sur quoi se base le maire pour avoir installé une caméra et un micro dans le bureau du greffier, qu’il accuse aussi de manquer d’éthique envers l’organisation.

« Plus tôt cette année, le DG de la MRC de Drummond a été congédié pour cette raison, soit d’avoir manqué de loyauté. C’est toujours difficile à évaluer. A-t-il manqué de loyauté envers l’organisation? C’est pourquoi prendre des avis d’institutions, dont le DG et le MAMH, est crucial dans des cas comme celui-là », avance Mme Pilette.

Un rôle collectif

Souvent, constate la spécialiste, des personnes ne font pas la distinction entre le politique et l’administratif. Sans pointer du doigt qui que ce soit à Sorel-Tracy, Mme Pilette croit que cette confusion peut mener à des situations particulières.

« Entre les gestionnaires municipaux et les élus, il y a souvent une confusion des genres. On a même vu dans certains cas le maire remplacer le directeur général quand ce dernier partait. C’est vrai que le maire a un pouvoir de surveillance, mais le DG a aussi, depuis récemment, le devoir de rapporter ce qui se passe mal dans la municipalité. Il faut faire une nette distinction entre ce qui est personnel et ce qui est l’organisation », explique-t-elle.

La professeure soutient qu’un rôle d’élu ou de conseil municipal doit être collectif, pour le bien de la ville. « C’est comme une équipe de hockey. Les élus adoptent des résolutions et des règlements ensemble pour le bien-être de la population. Ensuite, ils ne peuvent que demander des comptes aux fonctionnaires, et eux comme élus, rendre des comptes à la population. C’est le gestionnaire qui applique ensuite les résolutions appliquées par le conseil », conclut-elle.

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