2 mai 2022 - 22:10
Sept conseillers sur huit n’ont plus confiance au maire
Par: Katy Desrosiers

Sept des huit conseillers ont levé la main pour voter une motion de non-confiance envers le maire Serge Péloquin. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Malgré les attaques envers lui, Serge Péloquin s’est défendu bec et ongles, lundi soir. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Le conseiller Patrick Péloquin a été le plus virulent dans ses commentaires contre le maire Serge Péloquin, lundi soir. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Le conseiller Jocelyn Mondou a été le seul à ne pas se liguer contre le maire Serge Péloquin tout au long de la courte séance, demandant le vote à chaque fois. Photo Pascal Cournoyer | Les 2 Rives ©

Lors de la séance du conseil de ville du 2 mai 2022, en plus de réintégrer le greffier René Chevalier dans ses fonctions, sept des huit conseillers ont fait valoir haut et fort qu’ils ne faisaient plus confiance au maire Serge Péloquin.

Dès le début de la séance, l’ordre du jour complet a été modifié, en conservant presque seulement les points liés aux gestes du maire avec l’écoute électronique. Certains points comme un vote de non-confiance envers le maire ont été ajoutés.

Concernant la suspension du greffier René Chevalier, elle prévalait jusqu’à ce que le conseil puisse se positionner en séance. Le conseil a considéré que les explications et motifs du maire ne pouvaient justifier d’imposer une suspension. Ainsi, il a proposé que celui-ci soit pleinement réaffecté dans ses fonctions et qu’il se voie rembourser ce qu’il a subi, entre autres en perte salariale et en avantages sociaux pendant cette période. Le conseil a ainsi demandé que l’enquête à son sujet soit immédiatement cessée. Aussi, il a réitéré sa confiance envers le greffier. Seul le conseiller Jocelyn Mondou s’est positionné contre, préférant attendre les résultats des enquêtes en cours.

« Une chose est sûre, l’enquête se poursuit avec la CMQ [Commission municipale du Québec] », a précisé Serge Péloquin.

Le rapport déposé, mais pas lu

Le maire devait présenter le fameux rapport justifiant pourquoi le greffier avait été placé sous écoute. Les conseillers ont déjà été mis au courant du contenu de ce rapport. Ainsi, considérant la décision du conseil, le rapport a été déposé, mais pas lu publiquement. Le maire a souhaité également ajouter un avis juridique au dit rapport.

« Par souci de transparence, je vais le déposer. J’aimerais demander au conseil que cet avis soit relevé du secret professionnel et rendu accessible à tous les citoyens et les médias qui cherchent à bien comprendre la situation actuelle », a mentionné le maire.

M. Mondou a proposé que cet avis soit rendu public, mais aucun appuyeur ne s’est manifesté. Ainsi, l’avis a été ajouté au rapport sans être lu également.

Motions de confiance et non-confiance

Tous les conseillers, sauf Jocelyn Mondou, ont voté en faveur d’une motion de confiance envers le directeur général ainsi que tous les employés de la Ville, comprenant les employés-cadres et les directeurs de service. La décision a été prise en considérant que le maire effectuait de la surveillance sans motif qui le justifiait et qu’il est de la responsabilité de l’employeur, soit le conseil, d’assurer un climat de travail sain et sécuritaire.

Également, les directeurs de services ont préalablement fait parvenir au conseil un avis indiquant entre autres que le lien de confiance avec le maire était rompu. Il en est de même pour les employés-cadres, qui ont envoyé un tel avis. La Fédération indépendante des syndicats autonomes (FISA), auquel est associé le syndicat des fonctionnaires de la Ville, a fait parvenir au conseil un communiqué faisant part d’inquiétudes et précisant qu’eux aussi, ils ont indirectement fait les frais d’une telle surveillance dans le bureau du greffier.

Alors que Jocelyn Mondou a été le seul à ne pas appuyer la résolution, Patrick Péloquin lui a demandé si c’est parce qu’il n’a pas confiance aux employés de la Ville. Dans la salle, les gens ont fortement réagi.

M. Mondou a réitéré qu’il attend le résultat des enquêtes. « Après je vais prendre ma décision et je n’aurai pas honte de la prendre », a-t-il laissé tomber.

Par la suite, une motion de non-confiance a été votée envers Serge Péloquin.

Encore une fois, tous les conseillers se sont positionnés en faveur sauf Jocelyn Mondou.

Patrick Péloquin a mentionné que cette décision était prise entre autres parce que le maire « a démontré qu’il faisait passer ses opinions et ses intérêts personnels avant ceux de la municipalité et des citoyens. » Les citoyens présents ont alors applaudi.

« Quel discours d’hypocrite! », a alors rétorqué le maire.

« Ce soir, je suis dans l’aspect légal et mes collègues dans l’aspect politique », a ajouté Serge Péloquin. Au même moment, les conseillers se sont levés un à un et ont quitté la salle lorsque le maire tentait d’exposer les raisons de son geste.

Pas de démission

Après la séance, Serge Péloquin s’est défendu aux journalistes présents. Il a affirmé qu’il ne comptait pas démissionner. « Pas du tout! Est-ce que je suis en tort? Non! Personne ne m’a accusé présentement. Une enquête est en cours. Les gens m’ont élu pour défendre les intérêts de la municipalité. C’est ce que je fais. Ils m’ont élu pour surveiller la municipalité. Il se passe des trucs anormaux ici. Des hauts dirigeants qui en sont responsables, ils sont enquêtés et des résultats seront donnés. […] « Si j’ai un blâme, je le prendrai ce blâme-là. »

Le maire a ajouté qu’il ne regrettait pas sa décision, prise de concert avec l’ex-directeur des ressources humaines Denis Péloquin et l’ex-directeur général Karl Sacha Langlois. « Non, ce n’est pas un regret. J’aurai l’occasion de commenter cette décision-là. Les ressources humaines étaient au courant du processus. Quand on fait ça, c’est parce qu’on n’a pas eu d’autre choix que d’avoir des preuves inébranlables, documentées, propres et tangibles. »

Avec la collaboration d’Alexandre Brouillard

À lire aussi:
« Un an […] ça me semble à première vue excessif » – Me Marianne Plamondon
Une situation qui aurait peut-être pu être gérée différemment, selon une spécialiste
L’inquiétude règne chez les employés

image
image